Après avoir un peu côtoyé les Colibris et mis les mains dans la terre avec les Incroyables Comestibles, j’ai eu envie d’aller découvrir l’âme de l’association Terre et Humanisme, en Ardèche. Dans ce lieu paisible, où la nature a gardé ses droits, amoureusement accompagnée par l’Homme, l’humanisme de Pierre Rabhi flotte dans l’air. Le temps s’est comme arrêté. La nature est partout : vignes, nuages, abeilles, coquelicots, grenouilles… Et, de temps en temps, alors qu’on se croit soudain seul au monde, on croise un humain qui nous salue avec le même sourire serein. J’ai d’ailleurs fait de belles rencontres, partagé de riches moments d’échanges autour de légumes exigeants et de grains de maïs métissés.
Pas des OGM, ceux-là, même si la culture du maïs Monsanto est actuellement au cœur du débat politique en France, dont la position ne semble pas toujours très claire : un jour le Conseil d’État annule « l’arrêté sur les OGM suspendant la mise en culture de la variété de semences de maïs génétiquement modifié MON 810 », le lendemain le président François Hollande prolonge le moratoire sur l’interdiction de culture de ce même maïs… Si la question des OGM refait régulièrement les gros titres, l’Europe ne semble néanmoins pas prête à accueillir Monsanto sur son sol, puisque leurs produits sont interdits dans plusieurs pays de l’UE (Autriche, France, Hongrie, Grèce, Roumanie, Bulgarie, Luxembourg) depuis plusieurs années. Au point que Monsanto a annoncé récemment qu’il allait retirer toutes ses demandes d’homologation d’OGM dans l’Union européenne à cause de l’absence de perspectives commerciales !

Cet endroit me fait penser à ma jeunesse dakaroise, alors que les terrains qui entourent l’aéroport international Léopold Sédar Senghor, alors appelé aéroport Dakar-Yoff, n’étaient encore que champs de pommes de terres, de salades et potagers, parsemés d’arbres fruitiers (manguiers, cocotiers, baobabs…). Les enfants venaient y cueillir des mangues et courir après les singes. Les moutons et les vaches venaient y brouter. Mes enfants me croient à peine quand je leur raconte tout cela aujourd’hui, eux qui n’ont connu que quartiers résidentiels et marchés bondés, et qui n’ont jamais vu de singes autrement qu’attachés dans les maisons…

Pour en revenir à l’Ardèche, malgré son apparence aride et caillouteuse, cette terre semble être un terreau fertile pour une race d’êtres généreux qui oeuvrent pour le monde de demain (de demain, vraiment ? J’ai de plus en plus envie de dire « d’aujourd’hui », au vu de toutes les belles initiatives qui se multiplient un peu partout dans le monde). Après ce bel échange avec Erik, nous avons assisté au déplacement d’un essaim d’abeilles, nous avons rencontré Jean-Philippe Piret, un sculpteur belge qui fait de sa vie un partage, puis nous sommes allés visiter le Hameau des Buis, où Mamie à découvert une école différente. Ce que je retiens de ce séjour en Ardèche ? Une sérénité intemporelle, tellement loin du tumulte des rues de Dakar… En parlant de calme, je vous invite à quelques instants hors du temps, avec cette vidéo qui se passe de mots.

Fatoumata Ndiaye